L’Hermite : protéger un papillon vulnérable en France

L’Hermite est un papillon en forte régression en France, où il a disparu de 54 départements depuis les années 1980. Identifié sur le Domaine des Courmettes, nos équipes scientifiques ont démarré une étude pilote pour connaître et estimer la taille réelle de la population sur le site.

L’Hermite : une espèce en danger encore mal connue 

Bien que classé  « En danger » sur la liste rouge régionale PACA et « Vulnérable » au niveau national, l’Hermite n’est pas une espèce protégée en France. La cause principale avancée pour expliquer sa régression est l’abandon du pâturage extensif : l’espèce dépend d’une végétation rase pour pondre et le pâturage permet de maintenir cette végétation rase. Plusieurs autres causes sont en cours d’étude comme par exemple la présence de polluants chimiques dans les plantes consommées par les chenilles. L’Hermite est une des espèces cibles du Plan National d’Actions (PNA) en faveur des papillons de jour.

Malgré les enjeux, peu d’études sur l’Hermite ont été conduites et plusieurs questions demeurent : quelles sont les plantes hôtes utilisées par l’espèce au niveau local ? Quelle est la capacité de dispersion de ce papillon ? Quelles sont les modalités de gestion des sites favorables à l’espèce ? Comment hiérarchiser les facteurs de déclin ?

Une étude pilote aux Courmettes

Le Domaine des Courmettes abrite des habitats favorables à l’espèce (pelouses sèches rases et sols caillouteux) et des individus de l’espèce sont régulièrement observés sur le site. Face au manque de connaissances sur l’écologie de l’espèce, nos équipes ont décidé de démarrer une étude dont les objectifs sont doubles :

– Connaître et estimer la taille réelle de la population sur le site

– En fonction des données et du temps disponible, estimer la durée de vie moyenne des papillons et identifier les plantes-hôtes utilisées par la chenille de l’Hermite

Cette étude s’inscrit dans la déclinaison régionale PACA du PNA (Plan National d’Actions).

Premiers résultats 

En 2021 nous avons observé au minimum une vingtaine d’individus différents, en majorité des mâles (62%). La cartographie des observations des individus ne montre pas de différence de répartition entre les mâles et les femelles. Par ailleurs, si les femelles ont été observées de façon égale tout au long des cinq semaines de l’étude, 70% des mâles ont été observés avant le 15 août, ce qui suggère une activité plus importante en début de période de vol ou une métamorphose plus précoce pour ceux-ci.

Le protocole en lui-même nécessite quelques adaptations, comme modifier les horaires de passage : la majorité des observations ont été réalisées lors des sessions présentant les conditions les moins favorables (couverture nuageuse importante et/ou vent) suggérant que le protocole doit être réalisé en dehors des heures les plus chaudes, tôt le matin et en fin de journée. Il sera également nécessaire d’augmenter le nombre d’individus capturés pour pouvoir réaliser les analyses permettant de répondre aux objectifs de l’étude.

Nous prévoyons de poursuivre l’étude au cours de l’été 2022 et des discussions avec d’autres partenaires sont en cours pour monter une étude inter-régionale sur l’espèce en 2023.

Le rapport d’étude complet est accessible ici.

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