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28 juillet : le jour du dépassement 2022

Chaque année, l’ONG Global Footprint Network calcule le “jour du dépassement” (Earth Overshoot Day), c’est-à dire le jour où l’humanité a utilisé toutes les ressources biologiques que la Terre régénère en 1 an. Cette année, c’est le 28 juillet 2022. Cela signifie que d’août à décembre 2022, nous puisons dans nos réserves des années à venir et que nos émissions de gaz à effet de serre auront été plus importantes que ce que nos océans et nos forêts peuvent absorber.

Le jour du dépassement est calculé en divisant la biocapacité de la planète (la quantité de ressources écologiques que la Terre est capable de générer à une année donnée), par l’empreinte écologique de l’humanité (la demande de l’humanité sur l’année donnée), et en multipliant par 365, le nombre de jours dans une année. Il se base sur trois millions de données statistiques de 200 pays (voir plus de détails sur le calcul ici).

Depuis 1971, la tendance globale de la date du dépassement est d’avancer. En 2022, pour pouvoir répondre à la demande mondiale, nous aurons besoin de l’équivalent en ressources de 1,75 terres.

Pour faire reculer cette date, Global Footprint Network a lancé la campagne #Movethedate qui regroupe plusieurs projets dans le monde et proposé des pistes de solutions. Chez A Rocha, nous encourageons et sensibilisons toute l’année les chrétiens à adopter un mode de vie plus sobre, notamment au travers de notre Réseau Ambassadeurs.

Calculez votre empreinte carbone avec Climate Stewards

Climate Stewards, une ONG de protection de l’environnement de la famille A Rocha, propose à chacun de calculer son empreinte carbone à l’aide d’un calculateur : une bonne occasion d’identifier des axes de progrès dans nos modes de vie !

 

Ornitolog82

Etude de l’impact de l’écobuage sur les oiseaux nicheurs des marais

Situés en Camargue, au sud de la Vallée des Baux, les marais de Port-Saint-Louis-du-Rhône s’étendent sur plus de 500 hectares et sont constitués en partie de marais dit “à marisque”, car recouverts par le Cladium mariscus, une espèce de roseau rare sur la zone côtière méditerranéenne. La gestion de ces marais est réalisée via une pratique agricole ancestrale appelée « écobuage », qui consiste à brûler les roseaux afin de réouvrir le milieu et favoriser sa consommation par le bétail. Cependant, les effets de cette pratique sur les oiseaux nicheurs des marais à marisque sont mal connus. Le Parc Naturel Régional de Camargue a confié à A Rocha la mission d’étudier les effets de cette pratique sur les oiseaux nicheurs.

 

Zoom sur l’écobuage : le feu comme outil de gestion pastorale

L’écobuage est une méthode de gestion des milieux ouverts qui est largement employée à travers la planète, notamment pour ouvrir un milieu ou augmenter la ressource pastorale accessible au bétail. Cette méthode est utilisée dans de nombreux types d’habitats, depuis la savane herbacée d’Afrique de l’Est, jusqu’au maquis montagnard pyrénéen, à la garrigue méditerranéenne ou encore aux zones humides.

Le feu a un fort impact sur la faune et la flore des habitats naturels écobués, et notamment sur les communautés d’oiseaux. Cependant, cet effet varie en fonction du type d’habitat impacté. De nombreuses études montrent une abondance et une diversité d’espèces d’oiseaux accrue immédiatement après l’incendie, puis un rétablissement rapide au niveau précédent l’incendie. A l’inverse, d’autres études indiquent une forte diminution de la diversité et de l’abondance des oiseaux, puis un retour plus ou moins rapide aux niveaux initiaux.

 

 

Notre site d’étude : les marais à marisque de Port-Saint-Louis-du-Rhône

Les marais à marisque couvrent de larges surfaces au sein des marais de la vallée des Baux et des marais d’Arles, où ils  bénéficient des résurgences d’eau douce de la nappe phréatique de la Crau. Le site des marais de Port-Saint-Louis-du-Rhône est connu pour son importante population de Butor étoilé et de passereaux paludicoles rares. Localement, il fait l’objet d’une gestion de la végétation par écobuage, organisée depuis quelques années au moyen d’un plan de rotation des feux.  Aujourd’hui, il existe très peu de données sur les effets des écobuages sur les marais à marisque, et aucune à notre connaissance sur l’effet de ce mode de gestion sur les communautés d’oiseaux nichant dans cet habitat.

L’objectif de l’étude était donc d’évaluer l’impact de l’écobuage sur les oiseaux nicheurs des marais à marisque de Port-Saint-Louis-du-Rhône, et plus particulièrement sur : 

– le Butor étoilé

– trois passereaux : la Lusciniole à Moustaches, la sous-espèce locale du Bruant des Roseaux Emberiza schoeniclus witherbyi et la Locustelle Luscinoïde

– le cortège de passereaux paludicoles

Butor étoilé

Butor étoilé (Emberiza schoeniclus) © Jamie Hall

 

L’écobuage impacte fortement les oiseaux des marais à marisque

Notre étude montre que les écobuages impactent fortement les passereaux. Les cortèges d’espèces diffèrent sensiblement entre les parcelles récemment écobuées et les plus anciennes, et l’abondance de passereaux et leur diversité tendent à augmenter avec l’ancienneté des écobuages. Cependant, les espèces présentes sur la zone d’étude réagissent différemment : l’écobuage favorise le Bruant des Roseaux. Au contraire, la Lusciniole à Moustaches et la Locustelle luscinoïde ne nichent que sur les parcelles écobuées depuis plus de trois ans.

Un plan de rotation des écobuages permettant une mise au repos des parcelles pendant au moins quatre ans serait favorable au maintien de l’ensemble des espèces de passereaux paludicoles du site. L’importance des effectifs des passereaux paludicoles recensés et de la population de Butor étoilé font de la conservation et de la bonne gestion du site des enjeux majeurs pour la conservation de ces espèces dans le Sud de la France.

Dans le futur, la programmation de recensements réguliers annuels ou pluriannuels permettrait de connaître l’évolution des effectifs de ces populations et d’adapter les mesures de gestion en faveur de l’une ou l’autre espèce.

 

Découverte d’une population remarquable de Bruants des Roseaux 

Notre étude a également permis de recenser la population de la sous-espèce locale de Bruant des Roseaux qui a la spécificité d’avoir un gros bec. Appelée “witherbyi”, cette sous-espèce n’est présente que dans le Sud de la France et en Espagne où elle est au bord de l’extinction. Avec plus de 100 couples nicheurs, les marais de Port-Saint-Louis abritent vraisemblablement la plus grosse population mondiale de cette sous-espèce menacée, ce qui constitue un enjeu de conservation considérable pour le site. 

Nous espérons que de futures études permettront d’étendre les prospections aux marais adjacents et de mettre en place un plan de conservation spécifique pour cette sous-espèce.

Télécharger le rapport d’étude complet